La librairie est ouverte du mardi au samedi de 9h à 19h.

28-30 rue aux Cordiers
71400  Autun 

03 85 52 07 32

autunlibrairie@gmail.com

Claude Bathany

Biographie

Claude Bathany est né en 1962 à Brest et vit actuellement à Rennes. Il est gestionnaire administratif au sein du ministère de l’Intérieur. Il est l’auteur des romans Last exit to Brest (Métailié, 2007) et Country blues (Métailié, 2010) ainsi que du recueil de nouvelles Les Âmes déglinguées. Il a aussi écrit pour le théâtre et la jeunesse.

Contributions de Claude Bathany

Rencontre avec Claude Bathany

Son premier roman noir, "Last exit to Brest", lui avait valu une reconnaissance immédiate et lui avait notamment valu le prix du Goéland Masqué 2007 et une sélection pour le prix polar Michel Le Brun au Mans. Claude Bathany, né et élevé dans la région brestoise, aujourd’hui installé à Rennes, publie son deuxième livre, "Country blues", dont l’action se déroule cette fois dans les Monts d’Arrée. C’est l’histoire sombre des enfants Argol, détruits par l’accusation portée une vingtaine d’années plus tôt contre leur père Etienne, musicien venu s’installer en milieu rural. Suspecté d’avoir fait disparaître des petites filles (dont la sienne), il s’était suicidé. Ses enfants ne s’en sont pas remis, se sont enfermés dans leur malheur. L’irruption de Flora, venue enquêter en douce, va faire émerger la vérité.

Votre premier roman était urbain et brestois. Ce deuxième est rural et finistérien. Vous aviez envie d’explorer un nouveau territoire ?

Je pensais écrire à nouveau un bouquin qui se passerait à Brest en prenant le large par rapport au premier. On peut dire que j’ai pris le large dans le mauvais sens puisque j’ai situé Country blues dans les monts d’Arrée (rires…) Je voulais créer un huis-clos dans un espace isolé. C’est le cas de la ferme retirée des Argol. Mais ce n’est pas une campagne arriérée et ce n’est pas le fait qu’ils soient des ruraux qui les marque. Leurs problèmes viennent d’ailleurs, du traumatisme qu’ils ont subi.

En matière de polar rural, il y a des références comme Vautrin ou Pierre Siniac chez les auteurs français. Ou bien, chez les Américains, Charles William, l’auteur de Fantasia chez les ploucs, ou encore Jim Thompson, qui a écrit entre autres 1 275 âmes. Vous ont-ils influencé ?

J’ai lu pas mal de livres de Jim Thompson et il y a chez lui un côté nonchalant que j’aime bien. Mais je crois que c’est la romancière américaine Mary Flannery O’Connor qui m’a le plus influencé avec ses nouvelles aux personnages déjantés et un univers très marqué par la religion. Moi, je remplace la religion par la musique.

C’est en effet un point commun entre les deux romans.

J’aime bien mettre de la musique dans mes romans. Pour moi, c’est l’art le plus accessible, qui parle très vite à l’émotion. Mais le sens de mon titre, Country blues, est plus littéral que musical. Il dit au premier degré le blues de la campagne. Au départ, je n’avais d’ailleurs pas imaginé que le personnage du père soit un musicien. Après, ça s’est imposé, et j’avais en tête un personnage comme le chanteur Michel Corringe, venu s’installer dans le Finistère, que je crois avoir vu en concert à Penfeld.

C’est un roman très clairement situé en Bretagne que vous évoquez notamment par la langue bretonne introduite au début de chaque chapitre. Il ne pouvait se passer qu’ici ?

Toutes les campagnes se ressemblent un peu. La langue me permet de situer précisément l’action en Bretagne. Je suis breton. J’avais en tête les images de mon enfance et de mon adolescence à Argol, où, gamin, je passais des vacances chez ma grand-mère.

Ce deuxième livre n’a rien d’un roman policier classique, avec des policiers, une enquête, etc. Il est encore plus noir que le premier.

Ecrire un récit linéaire avec des flics qui enquêtent, ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse. D’ailleurs, dans mon premier roman, Last exit to Brest, quand les policiers interviennent, ce sont eux les méchants. J’avais envie de réunir des récits éclatés, ce que je fais à travers deux fratries, les Moullec et les Argol. Dans le livre, j’essaie de faire sentir les traumatismes des Argol qui passent à travers les événements sans les voir, de montrer comment certains se sont transformés en objets : la mère devenue Alzheimer, l’un des fils qui ne parle qu’à une marionnette dont on ne sait pas trop quel degré d’autonomie elle a acquise. Je raconte leur vie pendant vingt-quatre heures. C’est un livre que j’avais commencé il y a un certain temps, en faisant de Flora, la jeune fille qui arrive un début de week-end dans la ferme des Argol, la narratrice. J’ai arrêté pendant six mois et je me demandais si je n’allais pas l’abandonner parce que ça ne fonctionnait pas comme je voulais. C’est en faisant parler l’un des frères Moullec que ça s’est débloqué. Quand je l’ai repris ensuite, même si j’étais un peu déprimé le matin, l’écriture me requinquait. Il y avait le fait de maîtriser les différents personnages, de faire raconter les mêmes scènes par des personnages différents, par la nécessité de prendre en compte tous les éléments différents. L’esprit est occupé par autre chose que par la noirceur du récit. C’est sans doute pour ça que je ressens moins l’effet très noir du livre que les lecteurs.

Propos recueillis par Josiane Guéguen