- EAN13
- 9782072312793
- Éditeur
- Gallimard
- Date de publication
- 07/12/2012
- Collection
- NRF Essais
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Les deux maisons
Essai sur la citoyenneté des Juifs (en France et aux États-Unis)
Pierre Birnbaum
Gallimard
NRF Essais
Autre version disponible
-
Papier - Gallimard 25,00
À quoi sert de s'interroger sur la nature de la citoyenneté aux États-Unis et
en France à partir de l'exemple des Juifs? À penser à nouveaux frais la
question du rapport entre la religion et l'espace politique en Occident. La
Révolution française, on le sait, prolongeant l'action de l'État fort,
construit un espace public qui s'efforce de laminer toutes les formes
d'appartenance identitaire en cantonnant celles-ci au seul espace privé.
L'intégration des Juifs français leur permet l'accès aux sommets de l'État,
selon une mobilité vers l'élite politico-administrative sans égale dans
l'Histoire, mais suscite à leur encontre un antisémitisme politique neuf, de
l'Affaire Dreyfus à Vichy. Les Juifs américains, on le découvrira dans cet
ouvrage d'une richesse d'information peu commune, ne connaissent en rien ce
brillant destin public : dans une société à État faible, leur émancipation
formelle et la reconnaissnace de la pérennité de leur culture, conquises dès
la Révolution, ne valent qu'à l'échelle de l'État fédéral. À partir des années
trente, le New Deal et sa logique de nationalisation de la société font que
désormais les lois fédérales s'appliquent au niveau des États : des Juifs
rejoignent le pouvoir politique dénoncé dès lors comme un 'Jew Deal'. Plus
tard, dans les années soixante, quelques juges juifs de la Cour suprême
contribuent grandement à la sécularisation de la nation chrétienne,
provoquant, comme en France, de vives réactions antisémites. L'exemple des
Juifs permet donc de camper deux grands modèles de rapports du politique au
religieux : l'émancipation à la française ouvre la porte de la citoyenneté
dans l'espace public sécularisé en ignorant toute identité autre que nationale
; l'émancipation à l'américaine se révèle davantage propice à l'épanouissement
des identités religieuses qu'à leur entière reconnaissance comme citoyenneté.
Les promesses des 'deux maisons' sont distinctes et les désillusions
dissemblables.
en France à partir de l'exemple des Juifs? À penser à nouveaux frais la
question du rapport entre la religion et l'espace politique en Occident. La
Révolution française, on le sait, prolongeant l'action de l'État fort,
construit un espace public qui s'efforce de laminer toutes les formes
d'appartenance identitaire en cantonnant celles-ci au seul espace privé.
L'intégration des Juifs français leur permet l'accès aux sommets de l'État,
selon une mobilité vers l'élite politico-administrative sans égale dans
l'Histoire, mais suscite à leur encontre un antisémitisme politique neuf, de
l'Affaire Dreyfus à Vichy. Les Juifs américains, on le découvrira dans cet
ouvrage d'une richesse d'information peu commune, ne connaissent en rien ce
brillant destin public : dans une société à État faible, leur émancipation
formelle et la reconnaissnace de la pérennité de leur culture, conquises dès
la Révolution, ne valent qu'à l'échelle de l'État fédéral. À partir des années
trente, le New Deal et sa logique de nationalisation de la société font que
désormais les lois fédérales s'appliquent au niveau des États : des Juifs
rejoignent le pouvoir politique dénoncé dès lors comme un 'Jew Deal'. Plus
tard, dans les années soixante, quelques juges juifs de la Cour suprême
contribuent grandement à la sécularisation de la nation chrétienne,
provoquant, comme en France, de vives réactions antisémites. L'exemple des
Juifs permet donc de camper deux grands modèles de rapports du politique au
religieux : l'émancipation à la française ouvre la porte de la citoyenneté
dans l'espace public sécularisé en ignorant toute identité autre que nationale
; l'émancipation à l'américaine se révèle davantage propice à l'épanouissement
des identités religieuses qu'à leur entière reconnaissance comme citoyenneté.
Les promesses des 'deux maisons' sont distinctes et les désillusions
dissemblables.
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