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1, Crépuscule du tourment, roman

Leonora Miano

Grasset

  • Conseillé par
    20 novembre 2016

    en attendant l'orage

    Elles sont quatre, quatre femmes africaines liées à un homme absent à qui elles s’adressent dans le silence de quatre monologues intérieurs successifs. Il y a d’abord Madame, la mère de Dio, Amandla, son ex-compagne, Ixora, la nouvelle fiancée mal aimante, et enfin Tiki, la sœur de Dio. C’est un soir orageux et lourd, quelque chose dans l’air s’apprête à éclater. Madame est veuve, elle remâche son existence de femme battue par un mari qu’elle a subi en silence à cause du sens du nom et du patrimoine. Lorsqu’elle a vu son fils ramener l’étrangère Ixora et son enfant sous son toit, elle n’a pas supporté cette tache altérant le blason familial qu’elle s’est efforcée de préserver toute sa vie, elle qui, en se mariant, avait apporté sa fortune à une lignée prestigieuse mais ruinée. Etre femme en Afrique aujourd’hui Ixora et Amandla représentent quant à elles la génération suivante, celle qui tente de revendiquer sa liberté au prix de luttes internes et sociétales, et qui affirme une féminité bridée par leurs mères et par un patriarcat ancestral. Ixora, professeur d’anglais, s’évertue à trouver sa propre voie, son bonheur à elle, tandis qu’Amandla est une militante, insurgée contre une certaine idée de l’Afrique faible et acculturée. Lorsque Tiki ferme le roman, elle qui s’est construite seule dans un environnement qui brutalise les femmes, on se dit que si chacune pouvait libérer sa parole et la transmettre, cet échange servirait la cause féminine. Mais c’est bien là tout le problème et l’enjeu du roman : qu’est-ce qu’être une fille, une femme en Afrique aujourd’hui ? Et Léonora Miano de poser la question de l’homosexualité féminine taboue, qui ne s’accomplit que dans le secret ou se condamne au renoncement, dans une société qui refuse le désir féminin. L’auteure, d’une écriture sensuelle et riche, donne une voix singulière à chacune, toutes porteuses d’un désir d’avenir en suspens. Mais les histoires individuelles sont trop souvent absorbées et alourdies par les thèses sur l’identité africaine et le fonctionnement de la société, qui ralentissent le souffle romanesque. Les quatre monologues juxtaposés se croisent mais ne se répondent jamais, alors que c’est bien le destin particulier de ces femmes qu’on aurait aimé voir se déployer de façon plus vivante et moins discursive.

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