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Yeruldelgger

Ian Manook

Albin Michel

  • Conseillé par
    19 octobre 2015

    Dans la steppe mongole, des nomades mettent au jour le cadavre d'une petite fille, une étrangère, enterrée là avec son tricycle. Arrivé sur les lieux, le commissaire Yeruldelgger prend en charge le corps et l'âme de la défunte et lui fait la promesse de retrouver celui qui l'a tuée et abandonnée. Le policier est particulièrement touché par ce crime qui lui en rappelle un autre, celui de sa propre fille, Kushi, jamais élucidé.
    À trois heures de piste de là, à Oulan-Bator, son adjointe, Oyun, doit gérer la découverte de trois chinois tués et émasculés suivie de celle de deux prostituées connues pour fréquenter des chinois. La piste des nationalistes semble la plus probable mais leur leader a un alibi de taille puisqu'à l'heure des crimes il était en compagnie de Saraa, la fille aînée de Yeruldelgger... Saraa, rebelle mais manipulée, Saraa en danger, Saraa ciblée pour l'atteindre lui, le flic qui dérange, qui cherche, fouille, creuse, ne laisse jamais tomber, ne se laisse pas corrompre. Et encore une fois Yeruldelgger va enquêter, faisant fi d'une hiérarchie qui le désavoue, contournant les lois, jusqu'au bout de lui-même, jusqu'à la vérité.

    Embarquement immédiat pour la Mongolie, terre de traditions et de violences qui a vu naître Gengis Kahn. Un voyage des steppes sauvages jusqu'aux bas-fonds d'Oulan-Bator dans un pays de contrastes où coutumes ancestrales et modernité cohabitent avec plus ou moins de bonheur. Convoitée, exploitée par ses voisins qui en ont fait leur terrain de jeu, la Mongolie n'échappe pas au nationalisme, parfois extrémiste. Mais la politique n'est rien face, comme partout dans le monde, au profit. La richesse des sous-sols attire les convoitises et chasse troupeaux et nomades qui se sédentarisent. Oulan-Bator, polluée, surpeuplée, voit fleurir, à sa périphérie, des camps de yourtes où vivote une population privée de ses terres. Les égouts de la ville sont habités par des exclus dans l'indifférence des autorités qui, au mieux ferment les yeux, au pire nient les faits. État des lieux peu brillant que Ian MANOOK nous invite à découvrir dans ce polar dur et souvent violent, à l'image de son Yeruldelgger, flic brisé, cabossé par la vie, qui puise dans sa culture les forces pour tenir debout et chercher la justice. Car MANOOK sait aussi se faire lyrique quand il évoque les étendues sauvages de la steppe, le mode de vie des nomades, leurs coutumes, leurs croyances. Bien documenté, il nous dit tout de l'aménagement des yourtes, des us de leurs occupants, de la surprenante gastronomie mongole. Et c'est bien la découverte de la Mongolie qui fait toute la force et l'originalité de ce polar dont l'intrigue est par ailleurs conventionnelle (crimes, fric, corruption, etc.). Cela, et aussi ses personnages, Yeruldelgger bien sûr, mais aussi, Oyun, jeune fliquette intègre et fidèle, Solongo, légiste et plus ou moins compagne du commissaire, Gantulga, gamin des rues débrouillard et attachant.
    Sombre et féroce, Yeruldelgger n'en est pas moins drôle par moment, instructif souvent et dépaysant à souhait. Un coup de coeur pour ce livre et ce pays. Chaudement recommandé à tous les amateurs de polars et de contrées lointaines.


  • Conseillé par
    11 septembre 2015

    Magistral

    Ce livre est un chef d'oeuve. On retrouve une Mongolie pleine de traditions de rites. L'intrique est rondement menée. On entre à 100% dans la peau du personnage vraiment ce livre est magistral.


  • Conseillé par
    28 octobre 2013

    Pour une fois, je vais faire court, je n'aurai qu'un seul mot : Excellent ! Lâchez vos bouquins et précipitez-vous en Mongolie !
    Bon, je vous le concède, j'ai largement dépassé le seul mot promis, mais j'ai été tellement emballé par ce polar que je ne voudrais vous faire passer qu'un seul message, celui de le lire à votre tour. Si vous vous souvenez, j'avais été emballé par Le dernier Lapon, polar lapon écrit par un Français, et je n'avais pas menti puisqu'il a plu à quasiment tous ceux qui l'ont lu et qu'il a eu les honneurs de citations et d'au moins un prix (deux pour être précis, Quais du polar et Mystère de la critique) Eh bien, sans vouloir comparer, il y a des similitudes, Yeruldelgger est un polar mongol écrit par un Français et qui nous plonge en plein cœur d'un pays qui a du mal à se remettre de la domination soviétique et de l'omniprésence économique de la Chine. Le contexte est formidable (alors, ne soyez pas surpris si j'utilise des adjectifs forts, voire des superlatifs, je ne sais pas minimiser mon enthousiasme) : la Mongolie entre modernisme et richesse, Oulan Bator qui voit des buildings de verre et d'acier s'ériger, des villas pousser dans certains quartiers, mais aussi entre tradition et extrême pauvreté, des nomades venus en ville dans l'espoir d'y travailler et qui pour ne pas mourir vivent dans les égouts qui n'en sont d'ailleurs pas, mais plutôt des souterrains dans lesquels les tuyaux d'eau chaude qui alimentent les habitations réchauffent les squatteurs leur permettant de passer l'hiver rude en ces contrées, ou d'autres ex-nomades qui ont planté leurs yourtes aux bords de la capitale se regroupant en des quartiers pauvres tels des bidonvilles, et sans oublier les nomades qui continuent à vivre dans les steppes, s'occupant de leurs troupeaux et continuant à vivre au rythme des saisons, des croyances et des rites des anciens. Néanmoins ceux-là vivent bien au temps présent, "ne polluant pas la scène de crime" pour suivre les ordres d'Horacio Caine dans Les Experts.

    Les personnages sont excellents, si l'on oublie très vite (très largement faisable) les quelques clichés concernant Yeruldelgger (flic brisé par la mort de sa fille qui ne cherche plus rien si ce n'est stopper les criminels). Il a disjoncté, est totalement incontrôlable mais il n'est pas que cela, c'est aussi un enfant qui a été élevé dans un temple shaolin qui a enfoui les enseignements en lui qu'il devra retrouver pour mener à bien son enquête et sa quête de lui-même. Personnage très complexe, très bien travaillé par Ian Mannok. Il collabore avec Solongo, médecin légiste amoureuse de Yeruldelgger depuis longtemps et qui attend qu'il trouve la paix en lui pour venir vers elle. Si elle l'attend, dans son travail elle est redoutablement efficace. Oyun est l'adjointe du commissaire, jeune et jolie avec beaucoup de caractère dont elle aura besoin pour faire face à ses collègues et aux truands. Gantulga est un jeune garçon des rues qui s'attache à Oyun et qui grâce à sa débrouillardise et son sens de la répartie l'aidera efficacement.

    Un polar assez violent comme l'est sans doute la société mongole, avec des scènes dures mais très supportables, l'hémoglobine ne coule pas à flots. Une maîtrise parfaite de Ian Manook qui distille des indices au long de son livre qui font deviner au lecteur des choses avant même les enquêteurs. 540 pages sans répit, sans repos qui m'ont scotché et accroché comme rarement (540 pages pour moi, c'est énÔrme). J'aurais pu parler des néo-nazis mongols (théorie très intéressante d'ailleurs de voir que la shoah est peu connue là-bas, ce n'est pas leur histoire, de même que la leur ne nous est pas très connue), des flics ripoux, des intérêts économiques. Je pourrais expliquer mon emballement et mon billet dithyrambique par la fascination que j'ai pour ce pays depuis plusieurs années (bon, quitte à faire cliché, les steppes m'attirent plus que la laideur d'Oulan Bator). Tout cela je pourrais le faire et même en dire encore beaucoup plus sur ce roman policier tellement il est riche, j'ai l'impression de n'avoir pas dit la moitié de ce que j'avais à dire. J'avais noté plein d'extraits à vous citer pour vous allécher, mais je n'ai plus la place. Mais comme vous ne pourrez résister à mon appel à faire de ce roman un vrai succès très largement mérité, vous les lirez vous-mêmes. Et puis, pour finir, une bonne nouvelle, que dis-je excellente, Ian Manook prévoit une suite...