LIRE SOUS LES TILLEULS 2021 C'est le 26 juin de 10h à 18h, et c'est gratuit !
Jeanne Bem : une spécialiste de Flaubert se cache à Autun
Editrice de Madame Bovary dans le volume 3 des Oeuvres Complètes de Flaubert en Pléiade, Jeanne Bem nous offre des textes courts et accessibles pour découvrir ou redécouvrir l'un des plus grands écrivains du XIX° siècle.
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LIRE SOUS LES TILLEULS 2021
C'est le 26 juin de 10h à 18h, et c'est gratuit !
- Aurélien Bellanger : une des grandes voix du roman contemporain français
- Bernard Morot-Gaudry : Autun et ses mystères
- Bouzerolles-Cardot : Autun en image pendant le 1er confinement
- Bulliot, correspondance familiale
- Christel Mouchard, biographe des aventurières
- Didier Cornaille, celui qu'on ne présente plus !
- Elisabeth Brami, une auteure Jeunesse majeure !
- Ian Manook : du polar, mais pas que !
- Jean Perrin, Morvandelles randonnées
- Jean-Pierre Vaude : un Autunois aux talents éclectiques
- Jean Pruvost : le lexicologue fou !
- Ludivine Bantigny ou la Commune, hier et aujourd'hui
- Lyliane Mosca et les nourrices morvandelles
- Marcel Dorigny : un historien face à l'esclavage
- Marie Sellier ou l'art pour les enfants
- Maud Simonnot, écrivaine et historienne qui nous parlera roman et Histoire
- Monseigneur Benoit Rivière : évêque d'Autun
- Renaud Van Ruymebeke : le juge qui témoigne pour l'Histoire
- Roselyne Guilloux : l'art de la haute pédagogie !
- Thomas Scotto, l'auteur Jeunesse qui monte, qui monte, qui monte...
- Mathieu Sapin : trublion de la BD
- Eric Fouassier, le nouveau maître du polar historique français
- Dominique Missika : éditrice d'Histoire et biographe
- Christian Sapin : un érudit au service de la cathédrale d'Autun
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Jeanne Bem : une spécialiste de Flaubert se cache à Autun
- Les éditions 26/22 : jeune maison d'édition morvandelle !
- Atchoum et Chaussette, pour les petits
Flaubert aux prises avec le genre
De la famille queer à la nouvelle femme
De Jeanne Bem
Presses Universitaires de Dijon
Madame Bovary (1857) continue en 2020 de séduire lectrices et lecteurs. En l'écrivant, Gustave Flaubert inventait le roman moderne. Il n'est pas anodin qu'il l'ait centré sur un personnage de femme et qu'il ait mis l'accent sur la condition des femmes. Mais à l'heure de #MeToo, une question surgit : qu'en était-il du rapport de Flaubert aux femmes ? Peut-on lire ses romans en faisant l'impasse sur cette question ? Cet essai utilise la théorie du « genre » pour revisiter de façon critique l'homme et le romancier. Rien n'est éludé de ce que Flaubert a pu penser du féminin, de la binarité, de la domination masculine, ni de la manière dont il se situait personnellement dans la société. Mais tout est replacé dans le contexte historique. L'analyse de certaines pages de ses romans de société montre comment s'y inscrit la problématique du « genre ». On trouve aussi des références à ses lettres, car celles-ci gardent la trace de ses choix de vie, de ses idées, de ses amitiés féminines, de ses amours. Il s'en dégage un Flaubert que l'on serait tenté parfois de qualifier de personnalité queer. On parcourt également la galerie de « ses femmes ». Plusieurs pourraient illustrer le type de « la Nouvelle femme » qui commençait à s'imposer dans la société encore très patriarcale du XIXe siècle. Mais la plus glamour d'entre elles, c'est une femme imaginaire, c'est Emma.
Oeuvres complètes / Gustave Flaubert.
Oeuvres complètes, 1851-1862 / suivi de réquisitoire, plaidoirie et jugement du procès intenté à l'a
1851-1862
III, 1851-1862
De Gustave Flaubert
Autres contributions de Claudine Gothot-Mersch
Gallimard
Le premier volume des Œuvres complètes était intitulé Œuvres de jeunesse, mais la jeunesse, quand s'achève-t-elle ? Certains événements de la vie de Flaubert peuvent servir de bornes, si l’on y tient : une crise d’épilepsie en 1844, la découverte de la Tentation de saint Antoine de Bruegel en 1845, en 1846 les morts du père et de la sœur, ou la rencontre de Louise Colet. Mais là n’est pas l’essentiel. La jeunesse littéraire s’achève quand disparaît l’allégresse d’écrire. Flaubert entre alors dans la «grande étude du style». Par les champs et par les grèves : «la première chose que j’aie écrite péniblement». Suit une parenthèse anxieuse : «(je ne sais où cette difficulté de trouver le mot s’arrêtera)». Nous savons, nous, qu’elle ne s’arrêtera pas. Par les champs est un carrefour. La jeunesse y aboutit, l’art s’y déclare. Bientôt, il faudra faire de chaque phrase une œuvre en soi. Flaubert racontant ses voyages, en Bretagne ou en Orient, peut bien lorgner ici ou là du côté de Chateaubriand : sa vision est personnelle. Être un œil, «regarder sans songer à aucun livre», puis, péniblement, faire œuvre, s’efforcer de créer une perfection. Péniblement, en effet. Le jeune Flaubert voulait plaire ; les très étonnants scénarios de théâtre recueillis ici sont comme les séquelles d’un vieux désir de gloire («l’auteur ! l’auteur !»). Mais ce désir-là n’a qu’un temps ; lui succède la quête du Beau, qui est un combat sans fin. «L’empoisonnement de la Bovary m’avait fait dégueuler dans mon pot de chambre. L’assaut de Carthage [dans Salammbô] me procure des courbatures dans les bras.» La Tentation de saint Antoine occupe Flaubert pendant près de trente ans. On en trouvera ici les première et deuxième versions, qu’on ne lit jamais : la première, luxuriante et onirique, est mise au placard en 1849 ; la deuxième, où l’étrangeté naît de la concision, est laissée de côté en 1856 : trop audacieuse en un temps où le procureur impérial incrimine la «couleur sensuelle» de Madame Bovary. Faire œuvre, c’est donc aussi, pour Flaubert, sacrifier, supprimer (on exhume ici plusieurs épisodes retranchés de Madame Bovary) et renoncer par avance à toute satisfaction. Tel est le prix à payer (par l’auteur) pour que le lecteur puisse un jour monter «sur ce grand Trottoir roulant que sont les pages de Flaubert» (Proust). Une expérience unique : les lois du langage paraissent avoir changé ; une variation dans le temps des verbes bouleverse notre vision des choses ; et l’on avance, comme en atmosphère modifiée, dans «quelque chose de pur comme un parfum, de fort comme la pierre, d’insaisissable comme un chant».
Nouvelle édition