La librairie est ouverte du mardi au samedi de 9h à 19h.

28-30 rue aux Cordiers
71400  Autun 

03 85 52 07 32

autunlibrairie@gmail.com

La fille qu'on appelle

Tanguy Viel

Les Éditions de Minuit

  • Conseillé par (Libraire)
    3 août 2021

    Coup de coeur de Laëtitia

    Dans ce court récit, Tanguy Viel arrive à faire ressortir tous les travers d'une société fondée sur le pouvoir et l'argent. Dans cette petite ville de province comme on en connait tous, chacun cherche sa petite gloire et les personnages se croisent au fil d'un récit empreint de cynisme, qui ne manque pas d'humour. Tantôt émouvante et tantôt drôle, une tranche de vie au ton juste.
    Librairie La Promesse de l'Aube


  • Conseillé par
    9 décembre 2021

    Avec ce titre un peu mystérieux, en fait, traduction littérale de call-girl, Tanguy Viel écrit un roman formidable en écho et en accompagnement aux divers mouvements de ces dernières années de femmes osant porter plainte ou dénonçant leur agresseur. L'histoire de Laura est malheureusement et honteusement banale, celle d'une jeune femme qui va devoir accepter les avances sexuelles d'un édile contre un hypothétique logement et un encore davantage hypothétique travail.

    Le roman s'ouvre sur la jeune femme qui raconte son histoire à des policiers : on imagine qu'elle porte plainte ou qu'il s'est passé un événement qui l'a amenée à être entendue par la police. Et Laura raconte les faits, la succession des mots, des avances qui n'en sont pas vraiment tout en ne pouvant y échapper et qui mènent vers l'inéluctable. Ses descriptions sont entrecoupées par ses réflexions, son sentiment de culpabilité parce qu'elle n'a pas su ou pu refuser ou repousser le maire ; elle est prise au piège, ne peut s'en défaire sûre de s'y être elle-même mise et n'ayant jamais su ou pu saisir l'occasion de fuir. C'est remarquablement construit, de sorte qu'on sait comment Laura s'est retrouvée enfermée et qu'on comprend qu'elle n'ait pas pu sortir. "Ils se sont regardés à nouveau, les deux policiers, se demandant de plus en plus à qui ils avaient affaire, à force de cette manière un peu digressive, un peu désaffectée aussi, qu'elle avait de raconter son histoire, comme si elle ne lui appartenait pas vraiment, comme si elle se regardait elle-même la raconter sans qu'à aucun moment, non, elle n'ait cherché à les prendre par les sentiments -sa manière à elle, finiraient-ils par comprendre d'y parvenir." (p.74)

    Comme souvent dans les livres de Tanguy Viel, c'est un monologue intérieur, une lutte des petits contre les puissants et de profondes réflexions du personnage principal, formidablement mis en mots dans des phrases longues, ponctuées, virgulées, parfois tortueuses mais tellement belles et toujours compréhensibles. On est vraiment dans l'idée que je me fais de la belle littérature. Ouvrir un livre de Tanguy Viel, c'est comme revoir un ami qu'on n'a pas vu depuis longtemps : on retrouve tout ce qu'on aime chez lui et l'on reprend la conversation là où l'on l'avait stoppée sans incompréhension,. J'aime ce sentiment de me retrouver, dans les mots d'un écrivain -ça me le fait aussi avec Jean Echenoz-, en toute simplicité comme si nous étions à discuter autour d'un verre ou d'un repas, un truc qui fait du bien même si le sujet n'incite pas à la rigolade, parce qu'entre amis, on peut aussi parler de sujets lourds.


  • Conseillé par
    9 novembre 2021

    Le titre est la traduction de Call-Girl : la fille qu’on appelle, même si j’ai trouvé de prime abord le titre étrange : pour moi, cette phrase n’était pas finie. Comment on l’appelle, cette fille : Dakota ? Winnie ?….

    Pas du tout, elle s’appelle Laura, a un père ancien boxeur devenu chauffeur du maire. Dans sa jeunesse, elle a posé pour des photos de sous-vêtements et des photos de charme.

    Revenue dans sa ville, elle cherche un logement et via son père se tourne vers Monsieur le Maire. Qui va en profiter.

    Nous suivons le récit de Laura lors de sa déposition aux policiers.

    L’histoire du père boxeur m’a moins touchée.

    Un récit qui m’a rendu triste en le refermant : combien de jeunes filles sont victimes de ce genre de prédateur et voient leur plainte classée sans suite ?

    Mais encore une fois j’ai aimé le style de l’auteur dont les longues phrases m’emportent à chaque fois.

    Quelques citations :

    quelque chose en lui avait besoin de quitter la chambre avec le sentiment qu’il n’y était pour rien, que ce n’était pas lui, mais bien elle qui avait agi, que son corps à lui avait seulement cédé mais jamais rien de sa volonté propre, que, oui, c’est par surprise qu’il s’était retrouvé avec sa main à elle sur son sexe.

    chacun ferait pencher la balance du côté de force de la nature, c’est-à-dire le fardeau du désir des hommes impossibles à rassasier, et la mesquinerie des femmes.

    L’image que je retiendrai :

    Celle du flux et du reflux de la mer qui lèche les pieds de la cité.


  • Conseillé par
    22 septembre 2021

    Max La Corre, ancien champion de boxe est chauffeur du maire d'une ville de Bretagne.
    Quand sa fille Laura revient vivre près de lui, il demande au maire de l'aider à trouver un logement.
    C'est le début d'un engrenage.
    L'auteur nous rend spectateurs d'une histoire d'emprise et nous assistons, hypnotisés, à la déclaration que fait Laura à la police, aux arrangements de gens influents, à la manipulation.
    Le procédé est un peu le même que dans « Article 353 du code pénal »
    Laura, comme Martial, font une déposition.
    Le sujet est d'actualité bien que datant de la nuit des temps : un personnage abusé, domination/soumission.
    C'est un livre noir à l'ambiance pesante.
    J'ai eu un peu de mal à entrer dedans.
    Longueurs des phrases pas toujours claires et nécessitant une relecture.
    Tout en admirant cette belle écriture et ces tournures de phrases, elles m'ont étouffée, presque asphyxiée (bon, d'accord, j'exagère un peu).


  • Conseillé par
    21 septembre 2021

    Un roman intelligent, sans concession, construit comme un polar.

    Tanguy VIEL déroule une analyse corrosive de l'emprise, des travers de la société, où le pouvoir et l'argent règnent en maîtres.


  • Conseillé par
    8 septembre 2021

    Sur le ring du pouvoir

    Laura, 20 ans, revient chez son père Max Le Corre, glorieux boxer sur le retour, devenu chauffeur du maire de la ville. Max sollicite le maire pour aider sa fille à se loger.
    Laura confesse en un dense monologue la façon dont cette aide a évolué pernicieusement.

    Tanguy Viel reconstitue méticuleusement l’atmosphère sordide de la situation d’emprise sociale et de harcèlement. L’engrenage est inéluctable et double car les dégâts chez le père et la fille sont apparentés face à la mécanique du pouvoir.

    La narration est corrosive suggérant l’ambiguïté des faits par les limites du consentement pouvant transformer la victime en coupable….
    La fin est sidérante presque désuète ; de moins en moins d’actualité heureusement !


  • Conseillé par
    7 septembre 2021

    Le nouveau roman de Tanguy Viel est toujours aussi implacable et sans illusion sur notre société actuelle avec son inimitable distance et son immense talent. Tanguy Viel nous offre un des meilleurs romans de cette rentrée !


  • 23 août 2021

    Un roman à déguster sans restriction

    Dès le début du roman, on rentre dans le vif du sujet : nous sommes dans une petite ville de bord de mer, très certainement en Bretagne, où vivent des personnages semblant fixés par leur destin. Laura, d’abord, 20 ans de retour au pays chez son père, Max Le Corre, ancien boxeur et actuellement chauffeur du maire, Quentin Le Bars. Mais aussi Bellec, ami du maire et dirigeant du casino. Dans un engrenage haletant, vif et entraînant, va se dérouler un drame dans lequel Laura se trouvera prise dans une toile bien tissée. Les descriptions de la banalisation du harcèlement sexuel et de l’emprise des hommes de pouvoir sont remarquablement décrites.
    Un roman à déguster sans restriction.